Comment développer sa résilience face au COVID

Vous connaissez la fable «Le chêne et le roseau»? Alors que le vent se lève, le chêne connu pour sa force et sa solidité, casse ou se déracine. De son côté, le roseau vacille, plie, courbe mais reprend sa forme initiale une fois la tempête passée. Cette fable est utilisée par la Dre Pascale Brillon pour illustrer le concept de résilience. J’ai eu le bonheur de suivre une formation virtuelle avec Dre Brillon, une sommité dans le traitement du traumatisme et la résilience. Dre Brillon nous a présenté les caractéristiques de la résilience et je ne pouvais m’empêcher de vous transmettre cette information. Alors que les médias nous bombardent de négativisme, il est bon de savoir que certaines personnes arrivent à traverser l’impasse que nous vivons avec beaucoup de succès. Ces personnes sont résilientes. Comment font-elles? C’est ce que je souhaite vous présenter ici afin que vous puissiez vous en inspirer.

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Qu’est-ce que la résilience

Disons simplement que la résilience est la capacité à faire face à l’adversité et à revenir à son fonctionnement initial une fois la crise passée. Comme Dre Brillon l’expliquait, il s’agit de la capacité à rebondir face à un événement négatif et non souhaité.

Qui sont ces gens résilients

Afin de déterminer quelles étaient les caractéristiques des personnes résilientes, les chercheurs se sont entre autres penchés sur le phénomène des prisonniers de guerre. La question était de savoir comment se comportaient et pensaient les prisonniers qui, une fois la guerre terminée, avaient le moins de séquelles et revenaient à un fonctionnement normal. Une mine d’or d’informations pour mieux comprendre la résilience. Voici les caractéristiques qui sont associées à une plus grande résilience afin que vous puissiez vous en inspirer pour les introduire ou les alimenter dans votre quotidien.

Optimisme réaliste

Les recherches sur les prisonniers de guerre montrent que ceux qui étaient très optimistes finissaient par être déçus que leurs attentes ne soient pas rencontrées et développaient des symptômes de tristesse ou de dépression. Un exemple d’optimisme qui aurait des chances d’apporter du négatif au long court : «Tout ira bien, ils vont trouver un vaccin dans peu de temps et nous reviendrons à la vie normale. Il ne faut pas s’en faire.» Dans les faits : nous ne savons pas combien de temps cela prendra pour trouver un remède et un vaccin. Aussi, nous ne pourrons pas revenir à la normale pendant un certain temps. Des ajustements seront nécessaires à la sortie de cette crise. Par conséquent, il est plutôt souhaitable de miser sur un optimisme réalisme. Les prisonniers de guerre qui adoptaient ce style de pensée étaient  d’ailleurs ceux qui s’adaptaient le mieux à la situation.

Au quotidien : Priorisez les phrases qui soulignent/reconnaissent le caractère difficile de la situation mais qui impliquent une certaine dose d’espoir. Par exemple, «La période que nous vivons est très difficile. Elle nous met au défi. Cette période sera longue, mais nous finirons par en émerger en ayant fait des apprentissages (personnels et d’un point de vue de société). Des chercheurs sont affairés à trouver un vaccin.»

Souplesse

Il existe deux sous-types

  1. Souplesse émotionnelle : ressentir les émotions et ne pas se percevoir comme anormal d’en vivre.

Au quotidien : Vous pouvez faire des bilans émotionnels à la fin de vos journées en vous demandant quelles émotions avez-vous vécues aujourd’hui. Vous avez de la difficulté avec ça? Vous êtes habitués de repousser vos émotions bien loin à l’intérieur de vous et ne savez pas par où commencer cette activité qui vous semble presqu’ésotérique? Commencez par le plus concret : ce que vous ressentez dans votre corps.

Des indices pour vous guider :

Stress = pression à la poitrine, battement cardiaque qui s’accélère, souffle court, nausée, maux de ventre, tensions musculaires, étourdissements, etc.

Tristesse = boule dans la gorge, mâchoire serrée ou qui tremble, lèvres qui tremblent également, etc.

Colère = poings serrés, tensions musculaires, afflux de sang dans les bras et jambes (comme si vous étiez sur le point de combattre), etc.

  1. Souplesse cognitive : il est ici question des attentes, des attitudes et des croyances. Les gens qui sont résilients se montrent capables de réviser certaines pensées, d’assouplir leur point de vue.

Au quotidien : Portez une attention particulière à votre discours. Évitez les termes rigides comme «tout le monde», «toujours», «jamais», «personne», «il faut/je dois», etc.  Parlez-vous doucement, donnez-vous le droit à l’erreur, prenez-vous par la main plutôt que de vous fouetter à faire les choses. Diminuez nos attentes. Acceptez de faire des deuils (ex. deuil du printemps que vous vouliez avoir, deuil de la fête que vous vouliez célébrer avec vos amis, etc.).

Sentiment d’auto-efficacité

Les gens qui ont l’impression qu’ils seront en mesure de traverser la crise sont plus résilients. Il s’agit donc d’avoir une certaine confiance en sa capacité à faire face aux différents éléments qu’implique la crise.

Au quotidien : Rappelez-vous des situations difficiles que vous avez traversées dans votre vie. Qu’avez-vous appris? Y a-t-il des forces que vous avez développées et que vous pourriez mettre à profit dans la crise actuelle? Quelles sont les qualités générales que vous avez qui vous aident normalement à relever des défis? Par ailleurs, il convient également de vous rappeler fréquemment qu’il est normal de réagir à cette situation si particulière et que vous n’êtes pas du tout anormal. La situation l’est, mais pas vous. Il faut également vous rappeler que bien que cette situation soit très difficile, elle est temporaire. Toute bonne chose a une fin mais toute mauvaise chose aussi!

Humour

Les gens qui sont résilients sont en mesure de dédramatiser et de rire de certains aspects de la situation.

Au quotidien : Faites preuve d’autodérision, dansez, faites des concours loufoques avec votre équipe de travail, jouez des tours à vos collègues, etc.

Soutien social

Les gens résilients sont habiles à s’entourer de personnes bienveillantes même dans l’adversité. Les contacts sociaux sont des antidépresseurs naturels et font une réelle différence sur la capacité à traverser une épreuve.

Au quotidien : Utilisez la technologie pour garder le contact avec vos proches. Optez pour les textos, les apéros en visioconférence, les appels, les courriels, etc. Vous êtes en confinement avec un/e conjoint/e ou votre famille? Il est temps de prendre soin de vous comme couple ou comme cellule familiale.

Capacité à s’occuper de soi

Les gens qui conservent une certaine structure et un bon équilibre de vie sont les plus résilients. Qui plus est, les personnes qui s’accordent des moments pour faire des activités qui leur font du bien sont ceux qui traversent le mieux une crise.

Au quotidien : le matin, faites votre lit et habillez-vous! Pas question de garder le pyjama! Si cela vous fait plaisir, maquillez-vous ou faites votre mise en plie! Planifiez vos tâches de la journée mais gardez-vous des moments à l’agenda pour des activités que vous aimez normalement faire et placez le tout à votre horaire sous forme de «rendez-vous avec vous-mêmes». Soyez créatifs. Du sport? De la musique? Des arts? Un film ou une série télé? Prenez soin de vous.

Alors, pourquoi ne pas se servir des caractéristiques des personnes résilientes pour s’en inspirer et tenter de les appliquer ou de les développer dans notre vie à travers cette situation si particulière que nous vivons? Vous êtes capables.

À bientôt

Dre Emmanuelle Bastille-Denis Ph.D. psychologue

Dre Emmanuelle Bastille-Denis Ph.D. psychologue