L’insomnie pendant le temps des fêtes : petite trousse de survie!

Pendant le temps des fêtes, les occasions de célébrer abondent : un souper chez l’oncle Alain, le réveillon chez le beau-frère Claude, un brunch à 200 km de là pour ne pas oublier la belle-famille, une soirée festive avec les amis… Déjà, à la lecture de ces lignes, il se peut que vous vous sentiez légèrement étourdis. Si vous êtes un bon dormeur, vous verrez probablement cette période comme transitoire. Vous vous rabattrez sur les quelques jours de repos entre Noël et le Jour de l’an pour récupérer et, surtout, vous prendrez plaisir à festoyer avec vos proches. Si vous vivez des difficultés de sommeil, le portrait peut s’avérer être complètement différent. Dans les faits, il se pourrait bien que ce moment de l’année vous cause de l’anxiété. Pour vous, le temps des fêtes peut comporter les aspects suivants :

– avoir à se coucher tard et à des heures irrégulières malgré votre déficit de sommeil déjà bien présent;

– perdre votre routine de sommeil déjà chancelante;

– coucher à l’extérieur de la maison dans un lit qui n’est pas le vôtre;

– vous réveiller en pleine nuit alors que vous êtes en visite, demeurer dans votre lit seul avec votre insomnie pour ne réveiller le reste de la maisonnée;

– vous mettre une pression à avoir suffisamment d’énergie pour participer aux festivités et être agréable malgré le manque d’énergie qui s’accumule depuis quelques mois.

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Plusieurs personnes qui consultent ici admettent que le temps des fêtes est une réelle source de stress en ce qui concerne leur sommeil. J’ai donc décidé de vous donner quelques conseils pour traverser cette phase en préservant votre sommeil le plus possible.

Conseil #1 : La sieste de secours, une alliée sous certaines conditions

Vous avez probablement déjà lu que les siestes ne sont pas souhaitables lorsque l’on souffre de difficultés de sommeil. Dans le meilleur des mondes, les siestes sont effectivement à éviter pour ne pas briser le processus d’accumulation de la pression qui vous fera dormir le soir venu. Toutefois, avec la fatigue qu’occasionne parfois le temps des fêtes, la « sieste de secours » peut être une carte à conserver dans votre manche. Il convient néanmoins de la faire dans certaines conditions pour minimiser l’impact sur votre sommeil :

– Faire la sieste entre 12h et 15h.

– Opter pour une durée maximale de 1h.

– Initier la sieste seulement si vous ressentez des signaux de somnolence.

– Prioriser le lit pour faire la sieste.

Conseil #2 : Portez attention à votre consommation d’alcool

Comme on le sait, le temps des fêtes est généralement propice à la consommation d’alcool. Or, l’alcool a un effet sournois sur le sommeil. Il agit d’abord comme relaxant et peut favoriser l’endormissement dans certains cas. Par la suite, il produit toutefois un effet fort désagréable en fin de nuit en provoquant des éveils plus fréquents. Il modifie les stades de sommeil et rend le sommeil plus difficile dans les dernières heures. Sans compter qu’il provoque généralement des éveils pour  besoin d’uriner. Et là je vous entends dire « Oui mais moi je ne bois que deux verres de vin au maximum et j’exagère rarement sur la consommation d’alcool! ». Sachez que ces deux consommations peuvent être suffisantes pour avoir un impact sur votre sommeil.

Que faire alors? Vous avez deux options. 1. Vous vous restreignez de consommer de l’alcool en priorisant votre sommeil. Vous pourrez boire des breuvages sans alcool en expliquant aux gens, s’ils vous interrogent, que vous souhaitez mettre les chances de votre côté pour ne pas nuire à votre sommeil. Vous augmenterez vos chances de vous sentir mieux le jour suivant également. 2. Vous pouvez choisir de tout de même consommer de l’alcool, mais en amorçant ensuite votre nuit en connaissance de cause. Il vous faut alors dédramatiser les difficultés de sommeil qui pourraient être provoquées par la consommation d’alcool. En effet, sachant qu’il se pourrait que votre consommation ait un impact sur votre sommeil, dites-vous simplement qu’il ne sert à rien de vous mettre de la pression pour dormir la nuit venue. Faites confiance à votre corps qui fera de son mieux pour aller chercher le sommeil dont il aura besoin!

Conseil #3 : Osez mettre vos limites

Comme dans toutes choses, vous êtes toujours libres de mettre vos limites! Par exemple, vous pouvez décider de quitter la réception plus tôt pour vous permettre d’arriver chez vous et d’avoir un temps pour décompresser avant le coucher. Vous pouvez alors prendre une entente avec votre conjoint/conjointe pour ne pas le/la brimer dans son élan de festivités! Il/elle pourra tout simplement rentrer en taxi.

Et là je vous entends penser : « Oui mais c’est gênant de quitter plus tôt! Comment ferais-je pour ne pas offusquer les hôtes? Vont-ils comprendre? ». Dépendamment du lien que vous avez avec ces personnes, je vous invite à être transparents. Faites preuve d’ouverture et osez dire que vous avez de la difficulté avec votre sommeil. Ce faisant, vous pourriez même être surpris des conversations intéressantes que ce « coming-out » fera naître! En effet, vous pourriez découvrir que vous n’êtes pas le seul puisque la grande majorité des gens ont vécu une phase de difficultés de sommeil à un moment ou à un autre dans leur vie. En osant parler de vos difficultés, vous pourrez obtenir leur support et leur empathie tout en constatant que vous n’êtes pas le seul à vivre de l’insomnie.

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Conseil #4 : Sachez profitez des bons repas qui vous sont offerts, mais ayez une pensée pour votre sommeil

Vous êtes invités chez votre belle-sœur Solange qui, dans un élan de créativité culinaire, vous a concocté un repas digne des rois. Ce repas, en plus d’être chargé, s’éternise grâce à ces 5 services. Résultat? Il est 22h et vous avez le « bedon bien rond »! Il se pourrait donc que votre corps soit très occupé à digérer tout ces beaux aliments dont vous vous êtes délectés dans les dernières heures. Votre estomac fait donc du temps supplémentaire ce soir! Qui dit estomac au travail, dit activation qui diminue vos chances de glisser vers le sommeil. Pas de panique! Il s’agit simplement d’être patient et normaliser les difficultés d’endormissement qui peuvent survenir. Je vous encourage donc à ne pas aller au lit si vous sentez que la digestion est ardue. Profitez de cet instant pour décompresser devant un bon film de Noël et allez au lit lorsque vous sentirez que votre estomac quitte peu à peu son « shift » de travail.

Conseil #5 : Dédramatisez et amusez-vous!

Le temps des fêtes est synonyme de fatigue pour la plupart des gens! Tentez le plus possible de profiter de l’instant présent et des beaux moments qui vous sont offerts. Le sommeil ne doit pas guider toute votre vie! Certes, il occupe une place de choix et mérite qu’on fasse de notre mieux pour le préserver, mais il importe également de ne pas lui accorder toute l’attention. En mettant le focus uniquement sur votre sommeil, vous vous affligez d’une pression pour dormir qui elle, n’est absolument pas compatible avec une bonne nuit ressourçante! Faites de votre mieux et osez prendre du recul et vous rappeler que le temps des fêtes est un moment transitoire.

Sur ce, je vous souhaite un joyeux temps des fêtes. J’ai une pensée toute spéciale pour les gens qui seront seuls pendant cette période. À vous, je vous souhaite de profiter de ce moment pour vous offrir du temps de repos et de ressourcement pour mieux affronter l’année 2017. Sachez profiter des petits plaisirs de la vie en solo.

Dre Emmanuelle Bastille-Denis, Ph.D.

Psychologue et fondatrice du Centre de traitement de l’insomnie

Dre Emmanuelle Bastille-Denis Ph.D. psychologue

Dre Emmanuelle Bastille-Denis Ph.D. psychologue

Bibliographie

Morin, C. (2009). Vaincre les ennemis du sommeil. Les Éditions de l’Homme : Montréal.

Boivin, D.B. (2012). Le sommeil et vous : mieux dormir, mieux vivre. Les Éditions du Trécarré : Montréal.

Mayer, P. (2012). Dormir. Le sommeil raconté. Apprivoiser son sommeil pour être en meilleure santé. Éditions Pierre Tisseyre : Ottawa.