Gestion du stress: s’inspirer des haltérophiles

Préambule

Avant les fêtes, j’ai eu la chance d’assister à une conférence sur le stress humain donnée par Sonia Lupien, Ph.D. dans le cadre du congrès de l’Ordre des psychologues du Québec. Je suis une grande admiratrice de Dre Lupien qui fait un travail de recherche formidable en plus d’avoir le souci de transmettre ses connaissances de manière à ce qu’elles soient appliquées en clinique. Bref, je suis ressortie de cette conférence très inspirée et j’ai décidé de pondre cet article qui se prête bien à un début d’année. J’espère qu’il saura vous plaire!

Les haltérophiles : des exemples à suivre

On débute avec une question : savez-vous pourquoi  plusieurs haltérophiles crient lorsqu’ils soulèvent les poids ou les relâchent au sol?

En fait, pour soulever ses poids dans les airs, l’haltérophile mobilise une dose importante d’énergie. Son corps sécrète alors du cortisol (hormone du stress) qui lui permet de produire  la force nécessaire à l’exécution de l’exercice. Une fois l’exercice réalisé, l’énergie emmagasinée doit s’échapper du corps. Elle doit être canalisée à l’extérieur de l’organisme considérant qu’elle n’a plus sa raison d’être. C’est pourquoi l’haltérophile crie pour libérer le reste de l’énergie qui n’a pas été directement dévouée à soulever les poids. Il se libère.

Et c’est à ce moment que vous vous demandez quel est le lien avec le sommeil. J’y viens, rassurez-vous! Mais, permettez-moi de persister dans l’haltérophilie, ce sport soudainement si passionnant 😉

La réaction de l’organisme de l’haltérophile qui soulève ses poids est semblable à celle que nous vivons au quotidien face aux stresseurs qui se présentent sur notre chemin. Bien-sûr, les proportions diffèrent selon le stresseur (ou plutôt, l’interprétation que l’on se fait de ce stresseur), mais la mécanique du stress reste semblable. Besoin d’exemples? Ils sont nombreux : conflit de couple, enfant au comportement difficile, présentation importante devant les collègues au bureau, client complexe à gérer, sprint de travail pour remettre ce rapport que vous devez fournir à votre patron, [je suis certaine que vous pouvez ajouter ici un stresseur étant survenue dans votre dernière semaine sans trop de difficulté]. Ainsi, face à ces stresseurs, votre corps commande de l’énergie pour y faire face. La sécrétion de cortisol opère. Jusque là, tout va bien. Le problème survient avec l’excès de cortisol qui s’emmagasine dans votre corps lorsque vous avez terminé de faire face au stresseur ou qu’il y a une succession de facteurs dérangeants. Un peu comme l’haltérophile qui ne relâcherait pas l’énergie en criant après son exploit, il arrive trop souvent que nous oublions de canaliser l’énergie en surplus quelque part à l’extérieur de notre système. Ce faisant, nous l’accumulons donc dans notre organisme.

Par ailleurs, imaginez que vous teniez une barre et qu’on vous ajoute des poids à chaque semaine pendant des mois sans vous donner l’occasion de déposer la barre au sol et de relâcher l’énergie. Cette situation vous est familière? Qui n’a jamais fait un sprint de travail juste avant les vacances? Alors, qu’arrive-t-il? Votre système s’en trouve fragilisé par l’excès de cortisol accumulé et non relâché dans les semaines précédentes. Résultat : il est plus susceptible de flancher lorsque vous lui en donnez l’occasion (lire ici : lorsque vous vous accordez enfin des vacances). Ce qui fournit une part d’explications au phénomène selon lequel certaines personnes attrapent un vilain rhume ou une fameuse gastro dans les premiers jours de leurs vacances.

Dans ma clientèle (je vous disais qu’il y aurait un lien avec le sommeil!), j’entends souvent les gens dire qu’ils ont eu du mal à récupérer du sommeil au début de leurs vacances. Il n’est pas rare que j’entende des phrases comme « Je pouvais enfin dormir, étant finalement en vacances, mais je me réveillais à 3h du matin et j’étais tellement frustré! Pourquoi n’étais-je pas capable de dormir alors que rien de me stressait?». La réponse : votre organisme avait tellement emmagasiné d’énergie et de stress sans relâche, qu’il était conditionné à ce fonctionnement et que le contraste « travail acharné vs vacances » était confondant pour lui. Sans parlé de cette pression de type « je dois dormir parce que je suis en vacances et que je dois récupérer » qui est très nocive pour votre sommeil.

Comment s’en sortir?

En tirant une leçon de l’haltérophilie (oui oui!) et en trouvant une activité qui vous permettra de relâcher le trop plein d’énergie dévouée aux stresseurs. Rassurez-vous, nul besoin de vous diriger dans votre sous-sol et de crier à tue-tête comme l’haltérophile (quoi que si ça peut vous faire du bien?!). Les recherches dans le domaine du stress démontrent qu’une activité rythmée aide le cerveau à dépenser l’énergie qui a été mobilisée pour les stresseurs. Que ce soit une marche, une séance de cohérence cardiaque/yoga/méditation, un 20 minutes de course à pied, il faut simplement trouver une façon qui vous plaira et qui vous permettra de vous dépenser. Soyez créatifs! Vous êtes au bureau et n’avez pas le temps de sortir? Montez et descendez les escaliers quelques fois et ressentez l’effet obtenu sur votre organisme et dans votre esprit. Selon Dre Lupien, une activité de 10 minutes peut être suffisante!

Alors si vous n’aviez pas encore de résolutions pour l’année à venir, en voilà une : prendre l’habitude de décompresser en faisant une courte activité rythmée en revenant du travail. Une habitude peu demandante en termes d’investissement en temps et très payante. Parce qu’on sait que le sommeil se prépare lorsque nous sommes en état d’éveil et surtout, par que le niveau de stress global est souvent un ami de l’insomnie…

Je vous laisse sur une note humoristique avec cette capsule qui démontre bien que chacun a sa façon de libérer l’énergie emmagasinée en trop qui lui est propre. À vous de trouver la vôtre!

Je vous souhaite un très bon début d’année 2017,

Dre Emmanuelle Bastille-Denis Ph.D. psychologue

Dre Emmanuelle Bastille-Denis Ph.D. psychologue

 

Je vous invite fortement à parcourir le site web du Centre d’études sur le stress humain pour en savoir plus sur le sujet: cliquez ici!